Déclarations importantes depuis la Mecque du président des Affaires religieuses M. Görmez

293
528f24f8-368f-474d-89fc-a3b05ef06e58_l
Le président des Affaires religieuses le Prof. Dr. Mehmet Görmez a rencontré les membres de la presse à la Mecque. Lors de la réunion sous forme de petit-déjeuner tenu avec les membres de la presse au centre d’administration du hajj, M. Görmez a traité des sujets importants dans son discours.
Commençant son discours avec des vœux, M. Görmez a souhaité que la paix, le bien-être et la fraternité règnent à nouveau dans le monde musulman, notant que le « hajj al-Akbar » était le plus grand hajj car le pèlerinage de cette année tombait sur la veille de la fête.
M. Görmez a exprimé que lorsque les musulmans prieront au mont Arafat, tous les musulmans du monde entier prieront pour la prière du vendredi et que ces prières se mêleront ensemble. Il a souhaité que ces prières permettent au monde musulman de sortir de l’abîme.
Evoquant également le hajj et la signification du hajj pendant cet échange avec les membres de la presse, M. Görmez a noté que le culte du hajj était une célébration universelle. Voici les propos qu’il a tenu ;
« Le culte du hajj est une célébration universelle de la foi … »
Le lieu où vous êtes actuellement, est un des lieux les plus exceptionnels de l’histoire. Le Grand Coran indique que la Ka’ba est le premier centre du tawhid fondé pour l’humanité. Le culte du hajj est, en fait, une célébration universelle de la foi, qui a un aspect individuel, social et universel. Le culte du hajj est un culte de significations et de symboles. Il y a de telles significations derrière ces symboles que lorsque les musulmans sont maîtres de ces significations, ils font du hajj une réelle éducation du tawhid, de la morale et de la compassion.
« L’un des objectifs du hajj est de fonder les bonnes relations avec Allah, avec les hommes et avec l’existence… »
Toutes les religions divines ont des principes très importants qu’elles veulent nous transmettre. L’une d’entre elle, est la signification de l’existence. Rien n’a été créé sans aucun but. L’existence a un but. Deuxièmement, l’homme n’est pas uniquement fait d’un corps, de chair et d’os. L’homme est une présence très précieuse. L’homme est précieux de par son âme, son cœur et le potentiel qu’il détient. Troisièmement, l’existence n’est pas uniquement faite de matière, de physique. Il y a au-delà de la matière, la signification, et au-delà du monde physique, le monde métaphysique. D’après ce monde métaphysique, le monde physique n’est plus qu’un point. Toutes les religions divines veulent que l’homme le sache. La vie n’est pas simplement le monde. Cette vie terrestre est un court laps de temps devant la vie éternelle. Il y a une vie éternelle. Toutes les religions divines existent pour nous l’acquérir. Des principes ont été développés dans nos cultes pour nous pousser vers cette pensée. L’un des objectifs que les religions divines souhaitent accomplir sur terre consiste à ce que l’homme tisse les bonnes relations avec Allah, avec les hommes et avec l’existence. Vous verrez dans tous les piliers du culte du hajj qu’ils existent pour acquérir cet objectif à l’homme. Vous le verrez si vous observez le cadre conceptuel du hajj. Le Miqat, l’ihram, la talbiya, le tawaf, la Ka’ba, Ibrahim, Safâ, Marwah, le Saï, l’Arafat, les prières, muzdalifah, Mina, la lapidation de Satan… Lorsque ces termes gagnent une signification composée, vous comprendrez que l’objectif principal est de nous donner cette éducation du tawhid, de la morale et de la compassion.
« Nous sommes obligés de reconsidérer nos cultes dans les temps modernes… »
Nous sommes obligés de reconsidérer nos cultes tout particulièrement dans les temps modernes. Quand nous reconsidérons pas seulement le hajj mais tous nos cultes comme la prière, le jeûne, l’aumône, le sacrifice, nous devons nous poser la question suivante : pourquoi ces cultes ne nous apportent-ils pas la paix, le bien-être ? Pourquoi nos prières, nos invocations, notre pèlerinage, notre jeûne n’apportent-ils pas la paix, le bien-être ne serait-ce qu’entre les musulmans, sans même parler des relations entre les hommes et l’univers ?
« Alors que le culte du pèlerinage nous ordonne d’avoir de la compassion même pour une fourmi, pourquoi continuons-nous d’être une souffrance même si nous sommes des pèlerins ? »
Chaque fidèle qui entre dans l’état de l’ihram, apprend qu’il ne faut pas tuer, ne serait-ce un insecte ou une fourmi. Il apprend à ne pas faire de mal à un insecte. Alors que le culte du pèlerinage nous ordonne d’avoir de la compassion même pour une fourmi, pourquoi continuons-nous d’être une souffrance même si nous sommes des pèlerins ? Pourquoi les hommes s’entretuent ? Comment un musulman peut entrer dans la mosquée d’un autre musulman et se faire exploser, d’une manière jamais vue dans aucune période de l’islam ?
« Le fait que des discussions portent sur les chambres avec vue sur la Ka’ba, que ces faits portent ombrage au culte du hajj doit être considéré par tous les musulmans… »
Dans les temps modernes, le culte du hajj rencontre deux grands problèmes que je souhaite exprimer. La facilité apportée par la modernisation porte ombrage au culte du hajj… L’esprit du culte est affecté par ce genre de facteurs… Le culte du hajj commence à être porté à l’actualité avec des termes comme VIP, luxe, hôtel, etc au lieu de l’évoquer avec le tamattu, le qirân, l’ifrad. La sincérité a été remplacée par des propriétés ou des chambres avec vue sur la Ka’ba. Tous les musulmans doivent considérer ces événements qui portent ombrage au culte du hajj.
« Bien que le culte du hajj soit une célébration internationale de la foi et ait pour but d’être un lieu de rencontre et d’information, l’individualisme est maître… »
Pourquoi nos cultes ne nous changent-ils pas de manière positive ? Pourquoi nos cultes, nos prières ne soulagent pas les pleurs dans le monde musulman ? Pourquoi notre hajj, notre sacrifice ne nous rapprochent-ils pas d’Allah ? Pourquoi ces moyens passent devant l’esprit du culte du hajj qui est le but principal ? Nous devons y prêter réflexion. Deuxièmement, bien que le culte du hajj soit une célébration internationale de la foi et ait pour but d’être un lieu de rencontre et d’information, l’individualisme est maître. Chaque pays forme littéralement un ghetto différent sous son drapeau en restant ensemble à la Mecque, à Médine et à Arafat. Mais à la Ka’ba nous pouvons nous approcher les uns des autres et faire connaissance.
« Le hajj est la rencontre des fidèles… »
Le hajj c’est une rencontre. Le hajj c’est la rencontre des fidèles. Nos corps se retrouvent mais nous nous quittons sans avoir regroupé nos esprits. Nous devons y réfléchir. Ce n’est pas possible que nous sachions toutes les informations concernant l’histoire du pèlerinage à partir du prophète Ibrahim, mais il y a des souvenirs de hajj écrits de l’époque du prophète Mohammed à ce jour. Si seulement nous pouvions rassembler tout cela dans une bibliothèque. Si seulement nous pouvions savoir combien le culte du hajj a changé et influencé les communautés musulmanes pendant des siècles.
« La Ka’ba a été dans l’histoire le centre le plus important établissant un lien entre les érudits musulmans… »
A travers l’histoire, le culte du hajj a été le plus grand véhicule du flux d’information. Les érudits andalous et les érudits de l’Abou Daria ont eu l’occasion d’échanger leurs livres à la Ka’ba. Un érudit égyptien et un érudit de Bagdad ont eu l’occasion de discuter sur des questions scientifiques en se retrouvant à la Ka’ba. La Ka’ba a été dans l’histoire le centre le plus important établissant un lien entre les érudits musulmans. Mais aujourd’hui nous en sommes aussi privés. Aujourd’hui nous n’arrivons pas non plus à procéder à un échange d’informations. Je pense qu’en lisant ces souvenirs, on se rend compte tristement de l’effet de la modernisation sur le culte du hajj.
« L’intérêt de notre nation au culte du hajj n’est pas récent, il existe depuis toujours… »
Il y a les souvenirs de pèlerinage des vizirs et des érudits ottomans. La zone d’Istanbul dite harem, a été nommée d’après Masjid al-Haram où le régime d’aide ottoman était reconduit.  De grandes fondations ont été créées et nos aïeux ont offert des services éminents pour faciliter et préserver ce culte à travers les époques. Même dans les temps les plus difficiles, les chemins de fer du Hedjaz ont été un projet représentant un tournant dans l’histoire du hajj. Des voies officielles ont été ouvertes directement de la Turquie pour la première fois en 1947 pour le culte du hajj. Aucun registre n’a été tenu jusqu’en 1968 en Arabie saoudite. Nous arrivons à déterminer tous les cultes du hajj réalisé des quatre cons du monde jusqu’en 1968 à partir des souvenirs du hajj. Des archives ont commencé à être tenues à partir de 1968. 318 507 pèlerins sont arrivés du monde entier en 1968. Cette année-là, 41 000 hajj sont arrivés de Turquie. L’intérêt de notre nation au culte du hajj n’est pas récent, il existe depuis toujours. En 1987, 960 000 pèlerins sont arrivés du monde entier et 96 000 de la Turquie. Aujourd’hui seuls 60 000 y participent en raison du quota imposé. En 1989, 1 041 000 personnes y ont afflué et seulement 15 000 de Turquie. Cela change par rapport aux conditions de l’époque.
« Le hajj est une éducation de la morale et de la spiritualité… »
Le hajj est une école. Les représentants des fidèles du monde entier s’inscrivent dans cette école et obtiennent une éducation de la morale et de la spiritualité. Ils transportent ces particularités dans leur propre pays. Le hajj est la répétition de la revivification.
« Nous ne considérons absolument pas le hajj comme un voyage, c’est un culte… »
La présidence des Affaires religieuses continue d’organiser le hajj de la meilleure façon possible. Des délégations arrivent du monde musulman et analysent le modèle de la présidence des Affaires religieuses et essaient de l’appliquer dans leur propre pays. L’organisation du hajj de la présidence des Affaires religieuses réalise un travail très minutieux. Notre établissement déploie des efforts intenses pour lui donner cet esprit. Nous avons une équipe géante qui vient chercher près de 70 000 Turcs dans leur hôtel pour les emmener à Arafat où elle les assiste pour qu’ils réalisent leur culte le mieux possible, ils ont ensuite transportés à Mouzdalifa, les Turcs qui ne sont pas capables de marcher sont transportés jusqu’à l’hôtel par des véhicules. Nos collègues reçoivent une formation pour cette mission. Nous avons des collègues qui travaillent dans l’hôpital sous tente installé pour une journée à Arafat afin de soigner nos malades et de poursuivre le traitement des patients qui sont hospitalisés.
M. Görmez a évoqué la fête du Sacrifice qui approche, lors de la réunion tenue avec les membres de la presse, et donné des messages importants ;
« Le plus grand culte de la fête est la joie… »
Je souhaite que la fête du Sacrifice apporte à notre nation et au monde musulman de la bonté, de l’abondance, la paix et le bien-être. Nous avons des choses à faire pendant la fête du Sacrifice. Il y a une pratique de la fête que nous devons respecter. La première chose que nos frères devront faire prioritairement pendant la fête, ce sera de ressentir la joie de la fête dans son cœur et de partager cette joie avec ses enfants, sa famille, ses proches et ses amis. Le plus grand culte de la fête est la joie. La plus grande valeur consiste à partager la joie de la fête, avant de partager la viande du sacrifice. La chose la plus vertueuse dans l’islam est de porter la joie aux fidèles. Aujourd’hui, les musulmans véhiculent la tristesse, la violence et la souffrance. Pourtant, les fêtes existent pour partager la joie.
« J’appelle tous mes frères en Turquie à mettre fin aux fâcheries qui sont le poids le plus lourd infligé au cœur et de porter la joie à votre prochain… »
J’appelle tous mes frères en Turquie à mettre fin aux fâcheries qui sont le poids le plus lourd infligé au cœur et à porter la joie à votre prochain. Que ce soit dans notre pays ou dans le monde musulman, les musulmans peuvent être sans pitiés en raison de leurs passions. Ils n’hésitent pas à exprimer toute sorte de colère et de fureur. Lorsque l’on descend aux causes de ce comportement, on découvre des passions du pouvoir et du titre. J’appelle tous mes frères en Turquie à mettre fin aux fâcheries qui sont le poids le plus lourd infligé au cœur et de porter la joie à votre prochain.
« Que tout le monde porte la joie à son prochain à l’occasion de la fête… »
Depuis quelques années, notamment après l’émergence des réseaux sociaux, les personnes réussissent à dire toute sorte de colère, de fureur, de haine et d’injures à travers les réseaux sociaux qu’elles n’oseraient se dire face à face, au lieu de porter la joie et les bons sentiments à son prochain. C’est très triste. Que personne ne dirige des critiques à autrui, par internet ou directement, pour la fête. Que personne n’exprime sa colère au nom d’une passion du pouvoir. J’appelle tout le monde à porter la joie et les bons sentiments à son prochain.
« La plus grande richesse de la fête est de permettre aux personnes qui ne le peuvent pas, de célébrer la fête… »
Une autre chose, faire vivre la fête à ceux qui ne le pourraient pas. Les malades qui attendent dans les coins d’hôpitaux, les détenus en prison, les enfants à l’échine courbée dans les orphelinats, les personnes âgées qui vivent loin de leur famille dans les maisons de repos, il faut leur rendre visite. La plus grande richesse de la fête est de permettre aux personnes qui ne le peuvent pas, de célébrer la fête
« La civilisation islamique est la première civilisation à avoir évoqué au monde entier les droits des animaux… »
Le Sacrifice est un culte qui nous rapproche de Dieu. Lorsque nous réalisons ce culte, nous devons nous éloigner de tout comportement qui pourrait nous éloigner de Dieu. Nous sommes les fidèles d’un prophète qui dit que causer la mort d’un chat en l’emprisonnant nous emmènera droit en enfer, et de donner à boire dans sa chaussure à un chien assoiffé nous ouvrira les portes du paradis. Nos aînés qui ont coupé le bout de leur toge pour ne pas réveiller le chat qui dormait dessus, ont eu l’éducation de notre Prophète. La civilisation islamique est la première civilisation à avoir évoqué au monde entier les droits des animaux, à avoir associé les termes droits et animaux.
« Le culte du sacrifice ne doit jamais être un sujet de débat… »
Pendant la fête du sacrifice, nous devons éviter de couper l’animal sacrifié en le faisant souffrir. Et nous ne devons pas faire du culte du sacrifice un sujet de débat. Le sacrifice, la fête, le hajj sont des symboles importants ayant acquis une certaine continuité sur la scène historique de l’oumma islamique. Nous sacrifions car nous célébrons une fête, nous ne faisons pas une fête parce que nous avons sacrifié un animal. Les animaux sacrifiés par les fidèles des quatre coins du globe font partie du culte du hajj. Ils participent à la célébration internationale de la foi en sacrifiant un animal à la même heure.
Répondant aux questions des journalistes après la réunion, M. Görmez a déclaré ce qui suit concernant la situation dans le monde musulman et les groupes extrémistes qui ont émergé ;
« Les structures telles que l’EIIL, Boko Haram, les Shebabs, ont été créées par la rencontre des identités meurtrières et des consciences blessées à l’ombre de la violence, de l’occupation et des colonies, avec l’ignorance… »
Il y a deux raisons qui sont à l’origine de toutes les structures comme EIIL, Boko Haram et les Shebabs. Une raison interne et une raison externe. Les musulmans martèlent constamment les raisons externes et hésitent à évoquer les raisons internes. Ces structures ont été créées par la rencontre des identités meurtrières et des consciences blessées à l’ombre de la violence, de l’occupation et des colonies, avec l’ignorance. Les raisons internes sont dues à l’incapacité de créer un lien correcte entre la religion et la vie, entre la raison et la révélation. Je pense personnellement qu’il faut discuter dans le monde musulman de l’éducation reçue par ces personnes qui sont dans ces mouvements. Nous devons réviser notre mécanisme d’éducation. C’est extrêmement important.
« Une mentalité qui sacralise la violence, ne connaît aucune morale en temps de guerre et considère comme un culte la destruction des tombes de prophètes, n’a rien à voir avec l’islam… »
Une mentalité qui sacralise la violence, qui ne connaît aucune morale en temps de guerre, qui commet un génocide, qui considère comme un culte la destruction des tombes de prophètes, n’a rien à voir avec l’islam ni avec aucune de ses sectes.
« La création d’un Etat sur les terres d’une autre nation est due à une telle interprétation de la Torah… »
L’homme, n’est en fait, pas étranger à ce genre d’interprétations religieuses. La création d’un Etat sur les terres d’une autre nation, considérée comme la raison de toute la violence dans le monde musulman depuis près d’un siècle, est due à une telle interprétation de la Torah.
« C’est insensé d’expliquer uniquement par l’EIIL le fait que l’islam arrivé sur terre pour apporter la paix, soit transformé en une menace pour la paix… »
C’est essentiel de fonder un lien correct entre les textes religieux et la vie, de comprendre correctement notre Prophète et le Coran. Aujourd’hui, le plus grand problème vécu concernant l’islam à l’échelle globale c’est que certains semblent vouloir que la présence de l’islam dans un quelconque pays devienne un problème de sécurité et de légitimité. Malheureusement, aujourd’hui la présence d’une religion arrivée sur terre pour apporter la paix, commence à être considérée comme une menace pour la sécurité. L’islam arrivé sur la terre pour apporter la paix est transformé en menace pour la paix. C’est insensé d’expliquer ce fait uniquement par l’EIIL ou Boko Haram. Il faut reconsidérer cette question avec les causes internes et externes.